Le dimanche 21 juin 1002, Brunon, fils du comte Hugues, naît dans "le noble château d’Eguisheim" (certains le font aussi naître à Dabo, dans un château qui n’existe peut-être pas encore à cette époque et qui en tout cas n’est pas mentionné avant 1064). Brunon va à l’école à Toul en 1007, dès l’âge de 5 ans, dans une région (le Xaintois) où sa famille possède encore des biens (ils vont passer en partie à l’Eglise et en partie avec une portion d’Eguisheim aux comtes de Vaudémont). Brunon a dicté sa biographie et, de cette manière, on sait qu’il a passé son enfance au château de Haut-Eguisheim, chaque fois qu’il était en vacance. Brunon devient évêque de Toul à l’âge de 24 ans en 1026 avec l’accord de l’Empereur. Comme beaucoup d’aristocrates lotharingiens, c’est un homme influencé par les idées de Cluny et qui s’engage dans la Réforme grégorienne. Il met ses convictions en application dans son diocèse où il réforme les abbayes.

Avant Noël 1048, Brunon, évêque de Toul, est désigné à la dignité pontificale sur intervention de l’empereur Henri III qui est son parent. Le 12 février 1049, il est consacré à Rome sous le nom de Léon IX. Le 19 avril 1054, son pontificat s’achève avec sa mort à Rome.

Malgré sa consanguinité avec l’Empereur, Brunon d’Eguisheim est le premier chef de l’Eglise qui franchit le pas de la réforme. Et c’est à son infatigable résolution de lutter contre la simonie qu’il doit sa notoriété. Il souhaite aussi que les hommes d’Eglise soient des théologiens et non des préfets de l’Empire. Il crée la situation qui va déclencher la "Querelle des Investitures" en instituant le Collège des cardinaux chargés d’élire les papes, pour que leur nomination ne dépende plus dorénavant du temporel.

Dès Pâques 1049, Léon IX effectue son premier voyage en Alsace ; un second suit en 1051, puis un troisième en 1053. Il intervient dans les affaires de son lignage : il veille à ce qu’il y ait un chef de famille pour éviter le trop grand morcellement du patrimoine. Il participe à une densification du réseau d’églises publiques, notamment dans sa province natale.

Pendant son pontificat, Léon IX subit plusieurs graves revers. Les Normands occupent la principauté de Bénévent et s’y comportent cruellement "et torturent les chrétiens" ; mais l’intervention du pape se solde par une défaite en 1053 à Civitate. L’Eglise grecque, opprimée dans le Mezzogiorno par les Normands, rompt ses relations avec Rome en 1054 ; Léon IX a ainsi la douleur de voir s’accomplir le schisme qui sépare définitivement l’Eglise d’Orient de celle d’Occident. Cependant, Léon IX a le bonheur de présider plusieurs synodes et conciles qui moralisent l’Eglise et il consacre un grand nombre de sanctuaires et non des moindres ; on connaît Saint-Arnoul de Metz, Sainte-Croix de Reichenau, Saint-Remi de Reims... et dans la région Alsace : l’autel Saint-Cyriaque d’Altorf et Saint-Bartholomée de Sainte-Croix-en-Plaine (Woffenheim) dans des abbayes fondées par son père, un autel dans l’abbaye d’Oelenberg fondée par sa mère, d’autres autels encore dans les abbayes d'Andlau et d’Ottmarsheim... Il consacre aussi de nombreuses églises paroissiales comme probablement celles de Bergholtzzel, Eichhoffen, Grendelbruch, Griesheim, Hippoltskirch à Sondersdorf, Reiningue, Rosheim, Sigolsheim, Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg...

Grâce à sa vie exemplaire, sa modestie et son engagement dans la moralisation de l’Eglise, Léon IX a été déclaré saint ; sa fête est le 19 avril, jour anniversaire de sa mort ; sa tombe est à Saint-Pierre de Rome.

RESUME D’ETAT CIVIL DE LEON IX, LE PAPE ALSACIEN

Brunon d’Eguisheim, troisième fils du comte d’Alsace Hugues

né le 21 juin 1002 dans le château-fort de Haut-Eguisheim

évêque de Toul le 20 mai 1026

pape du 12 février 1049 au 19 avril 1054

mort le 19 avril 1054 à Rome

Vie du pape Léon IX par son biographe Wibert, publiée par Monique Goullet, aux Belles-Lettres, Paris 1997.

Sur la présence des Normands dans le Mezzogiorno, voir :

Châteaux-Forts d’Europe n°8 : Ottrott et Adrano, donjons-palais romans en Alsace et en Sicile.