LE CHATEAU DE GROS CHIGY |
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Le n°33/34 (mars-juin 2005) de la Revue Châteaux-Forts d’Europe est consacré au Gros-Chigy, représentatif des transformations d’une maison-forte en Bourgogne méridionale. Le château de Gros-Chigy joue un rôle clé dans la soumission des grands féodaux entre 1171 et 1237. Puis, c’est un verrou très exposé sur une frontière contestée entre le comté de Chalon, qui est au duc Bourgogne, et le Mâconnais, qui est au roi de France. C’est précisément cela qui lui vaut de fréquentes destructions : il ressent les répliques des séismes qui agitent Paris et Dijon. Le Gros-Chigy est une source importante pour une modélisation d’analyse des châteaux de Bourgogne et des régions voisines. Un grand donjon-résidence du XIVe siècle est reconnaissable sous une stratigraphie de modifications du XVe au XIXe siècle. Il conserve une extraordinaire halle d’entrée voûtée (maintenant en sous-sol). Au XVe siècle, le château est complété par une très grande enceinte susceptible d’accueillir une petite troupe ou de servir de refuge aux paysans du village voisin. A la même époque, le logis seigneurial est abaissé, mais puissamment fortifié, également vers l’intérieur de la cour, par un fossé, une porte-tour à pont-levis et un nouveau donjon-beffroi carré couronné de mâchicoulis. Il propose ainsi un type de mutation qui invite à regarder différemment nombre de maisons-fortes. Grâce aux ruptures provoquées par ses multiples destructions violentes, au moins quatre en une centaine d’années, entre 1361 et 1477, il fournit un catalogue de formes datées : appareils, postes de tir (à grandes fentes en 1450, à petites mires en 1480), hourds (encore en usage en 1450/60) mâchicoulis (apparaissant en 1480), modénatures, dispositions du plan. Toutes ces modifications sont parsemées d’armoiries. Des peintures murales de diverses époques décorent salles et plafonds. L’analyse détaillée des moulures des portes et des cheminées est une leçon sur l’évolution des modénatures entre le milieu du XVe et le milieu du XVIe siècle. Enfin, il faut pointer l’attention vers un local tout à fait étonnant conservé près de l’entrée. Une curieuse salle à trois nefs est sous voûtes d’arêtes appuyées sur des colonnes monolithes. On est impressionné par l’harmonie de ses proportions et par sa monumentalité. Ce n’est qu’une écurie !... mais son modèle a été dessiné par Léonard de Vinci.
Les auteurs : Thierry ARGANT, Gilles AULOY, Monique BILLARD, Laurence BLONDAUX, Christian de CHAMPVALLIER, Christine LOCATELLI, Michel MAERTEN, Didier POUSSET, Charles-Laurent SALCH, Joël TRAUNECKER, Jean VALLET
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